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Mitri à « L’OLJ » : L’enjeu est grand pour la Libye, mais aussi pour tout le monde arabe

الاثنين 24 أيلول 2012

Entretien L’émissaire spécial de l’ONU en Libye entamera sa mission à la mi-octobre.


Sur les conseils avisés de l’un de ses adjoints, qui connaît bien les convictions et les talents de l’ancien ministre libanais, Tarek Mitri a été officiellement nommé la semaine dernière émissaire spécial de l’ONU en Libye.
Le défi est beau, noble et particulièrement stimulant, certes, mais reste herculéen : l’ex-aire de jeux déviants de Mouammar Kadhafi est en pleine année zéro. Tout est à faire, refaire, voire défaire dans ce champ des possibles qu’est désormais la Libye.


Tarek Mitri, qui entamera son sacerdoce libyen à la mi-octobre, a trois objectifs majeurs dans le court et moyen terme : écouter, écouter et écouter. Ensuite, il conseillera, rapportera jusqu’à New York, rendra service(s).
Furieusement bien avisé, l’adjoint onusien : si Tarek Mitri, homme-clé dans l’équation qui dynamite tous les fantasmes des Huntington plus ou moins amateurs de la planète, ne réussit pas à aider les Libyens à ressusciter un pays, ériger un État et modeler une nation, personne d’autre, pratiquement, n’y arrivera.

L’Orient-Le Jour. Pourquoi l’ONU a besoin d’un émissaire spécial en Libye? En quoi la Libye a besoin d’un émissaire onusien ?
Tarek Mitri. L’ONU a joué un rôle important dans le processus qui a mené à l’indépendance de la Libye, en 1951, du Royaume-Uni. Et son rôle n’a pas été moins important après le soulèvement du 15 février 2011. Le Conseil de sécurité a autorisé l’usage des moyens nécessaires pour la protection de la population civile. Mais il a surtout établi la mission des Nations unies pour le soutien à la Libye, dont le rôle consiste à aider le gouvernement et le peuple libyens dans la transition démocratique, le dialogue politique inclusif et l’édification d’un État de droit.
Quant à la Libye, elle souhaite résolument que l’ONU l’accompagne, lui apporte son soutien technique et assume la coordination des efforts internationaux d’aide aux nouvelles institutions libyennes, inexistantes sous le régime de Kadhafi, faibles ou fragilisées.

 

Quelle est votre feuille de route ?
Le rôle du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU est d’assurer le lien avec les autorités libyennes, d’informer la communauté de leurs besoins, d’interpréter et de conseiller, selon le cas, et, à la demande de ces autorités, de diriger la mission dans les différents domaines de son action et de coordonner le travail des agences des Nations unies.
Il s’agit avant tout d’un rôle d’écoute et de service.

Traiterez-vous uniquement avec le gouvernement ou inclurez-vous l’ensemble des parties, dont les tribus ? Quelles sont les limites de votre action ?
Les résolutions du Conseil de sécurité assignent des tâches bien précises au représentant spécial et à la mission qu’il dirige. Ces objectifs sont sujets à révision par le Conseil à la lumière des évolutions en Libye et des demandes des autorités. Ils touchent plus particulièrement aux questions de participation démocratique, de dialogue et de réconciliation, de sécurité et de justice transitionnelle. Les priorités sont celles qui ont été définies par les Libyens et le calendrier est souple car il est souvent établi en fonction des conditions pratiques.
Mon travail se fera en rapport étroit avec les autorités. Mais il va de soi que je devrais traiter avec les acteurs politiques, les représentants des communautés tribales, ethniques et linguistiques ainsi qu’avec celles qu’on appelle désormais les organisations de la société civile. Des relations de travail entre ces partenaires et les services spécialisés de la mission seront toujours l’objet de consultations avec les autorités légitimes, issues d’élections démocratiques.

Comment jaugerez-vous la frontière qui sépare les intérêts onusiens des intérêts occidentaux en général, américains en particulier ?
Il est évident que plusieurs pays, occidentaux en particulier, ont apporté leur aide à la Libye et y ont des intérêts, économiques et autres. Sauf que l’ONU ne défend pas des intérêts. Sa mission est appelée à rendre service aux Libyens et tient à ce qu’ils puissent s’approprier, de la meilleure manière, cette aide. Mais il lui incombe aussi de contribuer à faciliter la gestion par les autorités libyennes des relations avec les pays membres de l’ONU souhaitant et capables de s’associer aux efforts internationaux afin de renforcer les capacités de la Libye à (re)construire ses institutions.
En quoi l’architecture et la gestion de l’après-printemps en Libye, auxquelles vous contribuerez nécessairement, diffèrent-elles et différeront-elles par rapport à la Tunisie, l’Égypte ou au Yémen ?
La Libye se trouve dans une situation différente de celle de l’Égypte et de la Tunisie. Ces pays n’ont pas connu la violence destructrice dont le peuple libyen a été victime. La répression sanglante de Kadhafi a entraîné l’effritement de l’armée et de la police, et a accéléré l’éclosion des milices révolutionnaires. Plusieurs institutions de l’État était affaiblies au profit de structures sécuritaires parallèles, certaines étaient totalement dysfonctionnelles ou tout simplement absentes.
Certes, il existe de grandes similitudes et influences mutuelles entre les soulèvements populaires dans les trois pays mentionnés et d’autres. Les revendications de liberté, de dignité et de participation démocratique se sont exprimées avec la même force. Mais le cas de la Libye est doublement singulier, de par la destruction qui lui a été affligée et l’intervention de la communauté internationale, qui a une indéniable obligation morale et politique d’aider à la reconstruction dans toutes ses composantes. Cette singularité explique la nécessité d’avoir une présence onusienne importante.
La mission de l’ONU en Libye n’est pas permanente, en tout cas pas dans sa configuration et ses dimensions actuelles. Son étendue et sa durée seront examinées par le Conseil de sécurité en mars prochain. Il est évident que l’avis des autorités libyennes, là-dessus, sera déterminant.

Quand serez-vous en poste ? Comment comptez-vous appréhender la réalité sur le terrain, entre ces fulgurances huntingtoniennes dont le dernier exemple a été l’assassinat de l’ambassadeur US à Benghazi et la détermination des habitants de la Cyrénaïque de se débarrasser des islamistes ?
J’irai à Tripoli durant la deuxième ou troisième semaine d’octobre. Quant aux tragiques événements de Benghazi, malgré la tristesse et l’inquiétude qu’ils ont suscitées, ils ont provoqué un véritable sursaut populaire. Les Libyens se sont battus contre Kadhafi pour crier haut et fort leur désir d’un État de droit. Des dizaines de milliers ont tenu à le rappeler, il y a quelques jours, à eux-mêmes et à tous les amis de leur pays.

Les Libanais, tous les Libanais, sont fiers de cette nomination. Et vous, que ressentez-vous ? Ces Libanais ont un peu peur aussi, pour votre sécurité. Et vous ?
Nul ne saurait contester une certaine précarité sécuritaire dans certaines régions de la Libye. Mais il existe également une grande détermination, au niveau de l’État naissant et sur le plan populaire, à éviter la descente vers le chaos ou l’instabilité chronique.
Certes, il y a un immense travail à faire. L’ONU apportera sa part, modeste peut-être, mais probablement indispensable. La responsabilité des Libyens et de leurs élites politiques en particulier est grande, cela va de soi. Personne ne peut faire le travail à leur place. Comme représentant de l’ONU, j’engagerai notre mission à accompagner nos amis libyens. L’enjeu est grand pour la Libye, certes, mais aussi pour l’ensemble du monde arabe. Dans cette perspective, ma motivation n’est pas moins forte que mes convictions.


 




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