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Un rêve en héritage - Issa Gorayeb - L'Orient Le Jour

السبت 4 شباط 2012

Il appartenait à cette race gravement menacée, dans un pays où chaleur et lumière ont déserté les cœurs et les esprits pour ne plus se manifester que dans le fracas des criminels attentats à la bombe : une race de seigneurs de toutes les saisons, arpentant avec élégance et dignité la vie publique aussi bien que la vie tout court.

Nassib Lahoud, que pleure aujourd’hui le Liban tout entier, était le plus illustre, le plus authentique représentant de ces monstres sacrés trahis par des temps ingrats, implacablement poussés sur la voie de l’extinction par cette effroyable ère de glaciation qui a frappé nos mœurs et nos traditions, qui a mortellement figé les consciences. Quand n’arrivent plus à survivre dans un tel climat que les frétillants micro-organismes, quand corruption et népotisme infectent de manière aussi scandaleusement voyante le gros de l’establishment, quand le discours politique se réduit à un chapelet d’outrances et d’invectives échangées la bave aux lèvres, quel habitat peut-il rester pour les mammouths ?

Autant que le mal insidieux qui a fini par terrasser un Nassib Lahoud se battant jusqu’au bout avec un immense courage, ce sont toutes les plaies du système qui ont contrecarré, en se conjuguant, une destinée laquelle, pourtant, paraissait naturellement, irréversiblement tracée. Fils de député et de ministre, ingénieur et entrepreneur réputé, c’est en innovant, en surprenant, qu’il a entamé son engagement au service du peuple et de l’État, s’interdisant en effet toute activité lucrative dans un pays où politique et affaires se donnent pourtant le coude.

Ambassadeur, député et ministre à son tour, Nassib Lahoud est resté toujours fidèle à sa vision tout à la fois passionnée et sereine d’un Liban en paix avec lui-même, autant qu’avec son environnement arabe. Sans jamais verser dans les tartarinades, c’est avec une calme fermeté qu’il contestait déjà la tutelle syrienne à une époque où nombre de futurs révoltés en étaient encore à flatter l’occupant. Figure centrale du Rassemblement de Kornet Chehwane qui préfigurait la révolution du Cèdre, c’est sous le signe du renouveau qu’il avait placé son action, s’entourant d’élites de toutes confessions : renouveau des pratiques démocratiques gravement abâtardies, renouveau appelé à s’étendre salutairement, comme on le ferait à l’aide d’une brosse à reluire, aux diverses institutions et à leur tête la présidence de la République.

Dans un pays où l’on accède à la magistrature suprême moins par la libre volonté du Parlement qu’à la faveur d’un consensus âprement négocié entre les puissances, Nassib Lahoud aura innové une fois de plus d’ailleurs en se portant solennellement candidat à la dernière élection, en publiant même un programme exhaustif de gouvernement. Que ce projet se soit heurté au choix des grands décideurs est regrettable certes ; que son échec soit dû aussi aux inhibitions et divisions sévissant dans son propre camp, le 14 Mars, l’est encore plus. Demeure cependant le fait, essentiel, que Nassib Lahoud, jusqu’à son dernier souffle, aura incarné aux yeux de très nombreux citoyens, toutes appartenances politiques et communautaires confondues, la vision d’un Liban préservé intact et néanmoins remis à neuf ; celle aussi d’un président imposant le plus grand respect même à ses adversaires, réunissant en sa personne les qualités d’intégrité, de droiture, de clarté de vision, de courage et de sagesse dans l’honneur qu’exige la charge.

Ce songe, Nassib Lahoud nous le laisse en legs, et il doit en être remercié et béni. Car seules les sociétés léthargiques, seuls les peuples comateux ne rêvent pas.


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