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أخبار يومية

Perdre, peut-être... mais conserver la supériorité morale
par Ayman Mhanna - coordinateur de Tajaddod Youth
Article dans L'Orient Le Jour

الأربعاء 6 تشرين الأول 2010

Depuis le printemps 2005, les journaux ont publié de nombreux articles détaillant les erreurs commises par la coalition du 14 Mars. Nul besoin de répéter que l'alliance quadripartite, le maintien d'Émile Lahoud, la réélection de Nabih Berry, les compromis électoraux, la marginalisation de la composante civique, etc. ont fortement affaibli le camp souverainiste et mis en danger les acquis de l'intifada de l'indépendance. Plus encore, la série d'assassinats, le bras de fer politique durant le sit-in du 8 Mars au centre-ville, le spectacle honteux de mai 2008 et les (dés)équilibres politiques entérinés à Doha ont réussi à neutraliser la légitimité électorale du 14 Mars. Mais jamais le risque d'une contre-révolution, d'un retour aux pires années de l'oppression et du chaos sécuritaire, n'a été plus grand que depuis le début de l'été 2010.
Plusieurs facteurs internes et externes ont convergé pour mettre le courant souverainiste le dos au mur et le placer dans une dynamique de régression. Le revirement brutal de la politique occidentale à l'égard de l'Iran et de la Syrie a conforté les positions des régimes de Téhéran et de Damas. Les illusions saoudiennes qu'un apaisement avec la Syrie convaincra Bachar el-Assad de rompre ses liens avec l'Iran ont permis à Damas de maximiser ses gains et de se rendre indispensable sur tous les terrains de jeu régionaux.
La traduction libanaise de ces développements régionaux, suite aux rumeurs autour de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban, a pris la forme d'une violence verbale inédite de la part du Hezbollah. Le sommet (le fond plutôt) a été atteint par Nawaf Moussaoui le 25 septembre, menaçant toute personne qui tiendrait compte de l'acte d'accusation de subir le sort de « l'envahisseur », tout en clarifiant - pour dissiper tout doute - qu'il ne disait pas cela pour susciter l'inquiétude, mais bien la terreur ! Toutes les autres déclarations, les prédictions de Sleimane Frangié, les « regrets » de Walid Joumblatt, les pantalonnades de Wi'am Wahhab, et les atermoiements de Michel Sleiman et de Ziyad Baroud, ne sont que les signes précurseurs du danger imminent.
La première impression qui vient à l'esprit est une question naïve, toute simple, presque enfantine, que personne malheureusement n'a posée. Pourquoi réagir à l'acte d'accusation en tirant sur d'autres Libanais? Quel est le lien entre une décision prise par des juges à La Haye ou ailleurs dans le monde, et le fait d'envahir les rues d'une ville et d'utiliser les armes contre des concitoyens ? Que l'acte d'accusation soit fondé ou pas, politisé ou objectif, malveillant ou neutre, qu'importe... Pourquoi des Libanais, qui n'ont jamais siégé dans un tribunal, qui n'y connaissent rien aux codes juridiques et à la charte des Nations unies, doivent subir les représailles de qui que ce soit ?
Il y aurait donc une partie qui assume le fait de prendre les Libanais en otages et leur sécurité physique comme outil de chantage à l'égard du reste du monde. Un lâche lâcher de force ; un mélange criminel de complexes de supériorité et d'infériorité (X qui tire sur Y en réaction à la décision d'un Z inaccessible).
La seconde réaction, la plus essentielle, est de savoir comment y faire face. Saad Hariri et le Courant du futur s'y sont aventurés, sans grand succès jusque-là. Le grand écart entre d'une part épargner la Syrie et lui offrir toute cette série de concessions, et d'autre part attiser - à travers plusieurs députés et responsables religieux - les instincts confessionnels, est un jeu inefficace et extrêmement dangereux. Inefficace, car nul ne peut croire la Syrie totalement étrangère à l'escalade politique actuelle. La Syrie ne fait que rejouer le jeu qu'elle maîtrise le mieux, celui de pompier-pyromane (merci Michel Aoun qui a le mieux décrit cette dynamique dans les années 90), qui oblige le Premier ministre à concéder davantage pour que Damas daigne demander à ses sbires de calmer leur rhétorique. Dangereux, car il serait naïf de croire que si la tension sunnite-chiite venait à prendre un tour violent, ce serait Hariri qui tirera les ficelles du « camp » sunnite. Au contraire, les « modérés » représentés par le Courant du futur et les familles sunnites traditionnelles seraient les premières victimes du camp radical qui prendra les devants.
De plus, le grand écart de Hariri l'empêche de recevoir le plein soutien de ses alliés actuels et potentiels. Tout d'abord, ils ne sont que partiellement et tardivement mis au courant des déclarations et revirements du Premier ministre. Ensuite, qui parmi les alliés chrétiens, chiites ou laïcs de Hariri, se retrouverait dans un discours « sunnite » ? Michel Aoun a réussi à convaincre une partie de la base chrétienne de soutenir le discours radical du Hezbollah en lui faisant miroiter l'intérêt de s'allier « au plus fort ». Un Hariri en perte de vitesse et de crédibilité pourra de moins en moins compter sur l'indulgence des bases populaires de ses alliés. Enfin, penser qu'un discours à connotation confessionnelle dissuadera le Hezbollah de s'engager dans un conflit sunnite-chiite a déjà montré ses limites en mai 2008.
La seule réponse valable est celle bâtie sur un socle solide de principes démocratiques et institutionnels : la légitimité électorale acquise lors du scrutin de 2009, les prérogatives constitutionnelles, les lois encadrant l'action des forces de sécurité, les principes fondamentaux de la justice... La légitimité de Saad Hariri ne provient pas de sa représentation des sunnites, mais de la victoire de son camp aux élections. L'erreur de Jamil Sayyed n'est pas d'avoir tenté ou pas de marchander ses accusations, mais de transgresser les règles de justice les plus élémentaires en appelant à « tourner la page » ou en menaçant de se faire justice soi-même. Le Hezbollah n'agit pas de manière inacceptable parce que ses dirigeants chiites attaquent des personnalités sunnites, mais parce que chaque parole qu'ils prononcent contrevient à des chapitres entiers des corpus juridiques libanais.
Au train où vont les choses et à moins d'un revirement soudain des rapports de force, le Hezbollah parviendra bien à semer le chaos au Liban et à dévoyer - une à une - toutes les institutions de la République. Face à cela, un discours basé sur les lois et les institutions certes paraît faible, dénué de la testostérone des gesticulations confessionnelles. Mais autant alors pour les démocrates du Liban perdre cette manche avec panache, avec l'honneur de l'intégrité et de la supériorité morale. Ce sont bien ces valeurs qui serviront de tremplin pour un nouveau cycle de résistance culturelle, intellectuelle, estudiantine, syndicale, journalistique, qui débouchera sur un nouveau printemps, plus durable, le 14 mars 2012, 2015 ou 2020...


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